Depuis toujours, les rivières ont constitué des barrières naturelles que l’homme a voulu franchir car elles limitaient son évolution et enséraient trop sa zone de vie. Pour cela il a su faire preuve de beaucoup d’ingéniosité. Le bac est une de ces prouesses dans la mesure il a su utiliser la force du courant pour tracter cette fameuse barque à fond plat que l’on pouvait charger tant avec des produits agricoles ; que du bétail ; que du matériel…..
En 1900, il y avait six bacs sur le Tarn entre Trébas et Lescure. En 1960, il n’y en avait plus aucun. La route et les ponts avaient en effet sonné le glas de cet astucieux moyen de franchir la rivière.
Celui de Pécotte a arrêté son activité vers 1960. Le projet d’établissement du Bac de Pécotte remonte au 12 septembre 1877, date à laquelle ce projet fut approuvé par décision ministérielle. Auparavant, une demande du Sieur Maraval, propriétaire à Gignac (commune de St Cirgue), datée du 5 octobre 1874 justifiait la nécessité de créer un bac à Pécotte.
Il s’agissait d’un bac à traille (ou à câble). Les travaux commencés en 1878, se terminèrent au début de 1879. En 1879 et 1882, les adjudications pour trouver un gestionnaire de cet équipement n’eurent pas de résultat. Il semble que cet insuccès soit uniquement lié au fait que le fermier devait fournir la barque. Les infrastructures : piliers d’amarrage du câble, rampes d’accès …étaient à la charge de l’Etat. Pour Pécotte, cette charge financière pour l’Etat était de 2 228.50F ), avec toutefois une souscription de 508.50 F consentie par les habitants.
Finalement, la suppression du bac de Brousse, établi lui aussi sur le Tarn, rendit disponible le matériel de ce dernier, qui fût affecté au service du bac de Pécotte par décision ministérielle du 7 août 1885. (Il s’agissait d’une barque de chêne et de peuplier, ayant les dimensions suivantes : longueur : 11.50m ; largeur aux extrémités : 2.20m). En 1886, une nouvelle adjudication avec matériel appartenant à l’Etat eu lieu. Cette fois ci, elle trouva un candidat en la personne du sieur Revellat Louis.
En 1930, la vieille barque de bois fut remplacée par une barque en fer : c’est celle que l’on peut voir encore aujourd’hui.
En 1982, survint une grosse crue du Tarn. La grande barque fût arrachée de ses amarres, précipitée dans la rivière, renversées et enfouie cent mètres à l’aval, contre la rive droite. Elle resta ainsi engluée pendant plus de vingt ans, sombrant peu à peu dans l’oubli dans l’indifférence générale.
De temps en temps, l’idée de sortir cette barque de son carcan réapparaissait. Elle se concrétisa le 16 septembre 2005, lorsque une imposante grue de 50 T arriva à Pécotte et la sortit des eaux, l’entreposa à proximité du port. Là, elle fut nettoyée, protégée, et c’est le 30 décembre qu’elle fut déposée à l’endroit où elle se trône maintenant majestueusement, à l’écart du courant, et solidement amarrée pour résister à une nouvelle colère de Dame Nature.
Depuis quelques années, elle sert de prétexte à l’organisation d’une belle fête, dans ce hameau de Pécotte, composé de deux maisons et de ce bac, mais de tant de nostalgiques et d’admirateurs !!!
Bien d’autres informations sur ce bac sont disponibles dans l’ouvrage de D. LODDO : « Les gens du Ségalar »